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Le 30 mai 2025 : Oser parler d’argent : et si on essayait?

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais parmi tous les sujets que l’on aborde avec nos amies : l’amour, le travail, les enfants, les vacances, il y en a un qui reste toujours bien enfoui : l’argent. On peut tout se dire, sauf combien on gagne, combien on dépense ou combien on réussit à mettre de côté. Pourquoi ce tabou persiste-t-il autant? Peut-être par peur d’être jugée ou tout simplement parce qu’on nous a appris depuis toujours que l’argent, ça ne se discute pas. Et c’est bien dommage!

Je me souviens d’une invitation à aller au restaurant entre amies, un soir de semaine. Rien d’extraordinaire, juste une sortie improvisée pour jaser et décrocher un peu. Mais cette fois-là, je n’avais tout simplement pas les moyens de me le permettre. J’ai esquivé la conversation, inventé une excuse. Et pourtant, je suis restée avec un malaise. Pourquoi est-ce que je n’ai pas réussi à le dire simplement? À nommer la réalité, sans honte ni peur d’être jugée? Je me suis surprise à me poser la question : Et si j’en avait parlé, que serait-il arrivé? 

• Peut-être qu’elles auraient proposé une autre option, moins coûteuse.
• Peut-être que l’une d’elles aurait avoué qu’elle aussi trouvait que les sorties devenaient un peu trop chères.

• Ou peut-être qu’elles seraient allées au resto sans moi, mais sans que ça remette en question notre amitié ou ma place dans le groupe.

Rien de catastrophique, finalement. C’est fou comme on s’imagine parfois des scénarios plus lourds que la réalité.

Je me suis alors demandée pourquoi c’était si compliqué. Après tout, on n’hésite pas à se confier sur des chicanes de couple ou des histoires de famille. Alors pourquoi l’argent devrait-il être différent? En y réfléchissant, j’ai compris que l’argent, c’est bien plus qu’une question de chiffres. C’est une affaire de valeurs personnelles, d’estime de soi et même de mesure de succès. Parler de ses finances, c’est un peu comme dévoiler une partie de soi que l’on préfère garder secrète. Avouer qu’on a de la difficulté à joindre les deux bouts ou, au contraire, dire qu’on s’en sort plutôt bien, c’est risquer d’être jugée ou même d’attirer la jalousie. 

À cela s’ajoute le fait que beaucoup d’entre nous manquent d’éducation financière, ce qui crée une gêne collective. On préfère souvent éviter le sujet. 

Heureusement, j’ai l’impression que les choses commencent doucement à changer. De plus en plus de femmes partagent leurs stratégies d’épargne, leurs erreurs financières et leurs bons coups sur les médias sociaux. Elles nous rappellent que parler

d’argent, c’est aussi se réapproprier son pouvoir de décision.

Alors pourquoi ne pas suivre cet élan? Je vous lance un défi : lors de votre prochain souper de filles ou même d’un dîner de famille, glissez doucement le sujet dans la conversation. Comme par exemple en demandant si vos proches ont des astuces pour mieux gérer leur argent ou s’ils ont déjà osé demander une augmentation. Observez les réactions: sont-ils ouverts ou plutôt sur la défensive? Écoutez leurs histoires, partagez les vôtres et surtout, déculpabilisez-vous de parler d’argent. Peut-être que vous découvrirez que vous n’êtes pas la seule à jongler avec des décisions financières ou, au contraire, que vos conseils pourront vraiment aider quelqu’un autour de vous.

En fin de compte, plus on ose parler d’argent librement, plus on se donne les moyens de faire des choix éclairés et de se sentir en confiance. Alors, prêtes à briser le tabou et à relever le défi?

Juliette Charpentier
Gestionnaire – formation continue et relations diplômées