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Le 2 mars 2026 : S’émanciper par l’argent : une révolution encore en cours 

Le thème des femmes et des finances est passionnant et, depuis que nous en parlons plus au sein de la Fondation, ma curiosité n’a fait que s’accroître. Aujourd’hui, il me semble particulièrement pertinent de revenir sur l’histoire des femmes et de leur rapport à l’argent au Québec. Parce que cette histoire, c’est aussi un peu la nôtre, et comprendre d’où nous venons est essentiel pour continuer à avancer. 

L’histoire de l’argent au Québec ne peut se raconter sans celle des femmes : leurs combats, leurs victoires, leurs frustrations et les obstacles qu’elles ont dû surmonter. Imaginez : ce n’est qu’en 1931 que les femmes mariées ont enfin pu disposer librement de leur salaire. Avant cela, tout revenait légalement au mari. On parle d’un passé pas si lointain où une épouse devait parfois quémander une allocation hebdomadaire pour nourrir les enfants, habiller la famille et, si possible, mettre un peu de côté. Mais ce n’était pas un pouvoir, plutôt un art de survivre. Derrière chaque sou économisé se cachait souvent une négociation invisible, et bien des femmes ne connaissaient même pas le salaire exact de leur mari. L’argent n’était pas un bien partagé : il était un pouvoir auquel elles n’avaient qu’un accès limité. 

Puis, petit à petit, des fissures ont ébranlé ce modèle figé du « pourvoyeur et de la ménagère ». La loi sur le divorce de 1968, par exemple, a bouleversé les certitudes : les femmes ne pouvaient plus simplement se fier à la promesse d’une sécurité

économique par le mariage. Beaucoup ont dû trouver leur place sur le marché du travail, apprendre à contribuer, mais aussi à exiger leur part de contrôle dans les décisions financières. On a vu apparaître les premiers comptes conjoints, censés incarner une forme de gestion commune. Mais là encore, la réalité était parfois toute autre : ce type de compte servait souvent à prolonger le contrôle masculin, et plusieurs ont vite compris que l’autonomie passait aussi par un compte à soi.

Réunions, discussions et activités d’un groupe du Conseil du statut de la femme au YWCA du boulevard René-Lévesque Ouest à Montréal, en 1978. Photo fournie par l’Office du film du Québec

Les années 1960 ont marqué un tournant : les femmes pouvaient enfin ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation du mari. Puis, en 1975, le Québec reconnaissait l’égalité hommes-femmes devant la loi. En 1981, une femme accédait pour la première fois au poste de ministre des Finances, et en 1995, une loi sur l’équité salariale venait constituer une avancée importante. C’est  fou de se dire que tout cela s’est joué en quelques décennies seulement. Ce que je tiens aujourd’hui pour acquis, comme mon autonomie financière, le droit de signer un contrat, d’investir ou même de

diriger une entreprise était impensable pour celles qui m’ont précédée. 

Mais soyons honnêtes : le chemin n’est pas fini. Les stéréotypes collent encore à la peau. Pourtant, les faits racontent une autre histoire : de plus en plus de femmes s’informent, se forment, investissent et bâtissent leur indépendance économique. Chaque pas dans cette direction contribue à déconstruire les vieux clichés et à construire de nouvelles normes. 

Ce qui me touche le plus, c’est de voir comment nous avons transformé une contrainte en une force. Celles qui devaient jongler avec des bouts de budget pour nourrir leur famille nous ont légué une leçon précieuse : nous sommes capables de créativité, de résilience et de courage. Aujourd’hui, cette énergie, nous pouvons l’investir dans nos propres projets, nos rêves, nos ambitions. Oui, il reste encore des plafonds à briser, des inégalités à corriger et des mentalités à faire évoluer. Mais nous avons des alliées puissantes : l’éducation, la solidarité, et la conviction profonde que l’argent ne doit plus être une affaire d’hommes mais bien une affaire de toutes et tous. 

Alors, chaque fois que je prends une décision financière, grande ou petite, je me dis que j’écris moi aussi un petit bout de cette histoire collective. Et j’aimerais vous inviter à faire de même. Parce que l’histoire de l’argent au Québec, ce n’est pas seulement une affaire de lois ou de dates marquantes. C’est avant tout une histoire de femmes qui, une à une, ont décidé qu’elles en avaient assez de rester spectatrices. Et aujourd’hui, c’est à nous de poursuivre le chemin. 

Une femme prête à suivre le chemin tracé par ses ancêtres

MARIE-ÈVE

Diplômée du Parcours s’Entreprendre
Programme en entrepreneuriat

La Fondation Lise Watier offre le Parcours s’Entreprendre à Montréal, Québec, Laurentides, Montérégie, Sherbrooke, Drummondville et Toronto. Plus de 350 femmes par année s’engagent à se mettre en action en suivant nos programmes. Elles en ressortent avec une meilleure compréhension de leurs forces et de leurs compétences, de même qu’avec les connaissances et les outils nécessaires pour mettre en œuvre leur projet professionnel. Elles amorcent un nouveau départ vers l’indépendance financière à travers l’entrepreneuriat, un retour aux études ou une réorientation professionnelle.

 

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